Lors d'une rencontre de notre collectif, nous avons utilisé la métaphore de l'arbre de vie et les belles questions proposées par Dina Scherre dans son livre " Mon arbre de vie, dessiner les moments importants de notre vie".

L'arbre, ce vivant, bien ancré dont le tronc solide a engrangé les expériences vécues, guide nos questions narratives. Il ouvre ses branches vers le ciel pour y déployer ses feuilles ainsi que ses rêves. Il porte des fruits et les offre tels des cadeaux de vie. Voilà bien une métaphore qui inspire lorsqu'à un moment de son histoire, l'on veut dessiner la vie qui s'est déployée en nous. C'est aussi une belle démarche pour une communauté, de revisiter son histoire : ses fondements, ses particularités, ses espoirs et son club de vie.

Les Réveilleurs d'histoires ont une histoire de vie nourrie par des rencontres. Myriam a croisé notre route, pour notre bonheur. Elle a répondu aux questions suivantes pour nous aider à dessiner notre arbre de vie, celui d'une collectivité en pleine expansion, bien vivante.

Les racines

• Comment est entré en toi l’envie de participer à cette rencontre des Réveilleurs ?
• Qu’est-ce qui est important pour toi dans le fait de créer des choses ensemble, de participer à des activités collectives ?
• En quoi est-ce important pour toi que les mots, les histoires, la narration soient valorisés ? 

Le nom des Réveilleurs d’abord est venu résonner avec quelque chose que je portais en moi : « Réveilleuse d’histoires », oui, c’est ça exactement que je cherche à être moi aussi ! Et cette approche dite « narrative » a piqué ma curiosité, de quoi s’agit-il au juste ?

Et puis, une première activité d’écriture partagée à l’occasion du solstice d’hiver, suivie du premier module d’initiation à l’approche narrative. La découverte que cette approche venait en fait relier toutes ces choses qui m’animent et me mettent en mouvement :

• L’accompagnement des personnes dans leur singularité,
• La vision ericksonienne de l’hypnose (l’attention fine aux spécificités et aux valeurs de chaque individu, la mise en récit qui change l’éclairage, le sens, l’angle de vue des événements et des situations, le déplacement du regard vers de nouvelles possibilités à partir de là où l’on se trouve, les métaphores que l’on comprend émotionnellement, à un niveau tout différent, plus profond, que celui de l’intellect),
• La philosophie dite « postmoderne », regroupant les auteurs poststructuralistes de la French Theory, mais aussi (surtout) Jean-François Lyotard que j’affectionne particulièrement et qui, dans les années 70, a vu la pertinence d’envisager l’histoire de la pensée philosophique et politique en termes de récits (petits ou grands, contextuels ou à vocation universelle), avec l’invitation à laisser la place à une multiplicité de petits récits témoignant des singularités qui viennent ébranler la pensée catégorisante et univoque qui assimile, uniformise ou exclut ; une multiplicité de petits récits pour ouvrir de nouveaux espaces d’imagination et d’invention, l’accueil de ce qui vient ébranler le (croyait-on) déjà connu pour ouvrir les brèches de nouvelles perspectives.
• Ou encore, dans une mouvance constructiviste plus récente, dans la même lignée d’auteurs (tous finalement héritiers du courant cybernétique, tout comme l’école de Palo Alto, tout se tient !), Vinciane Despret, qui souligne si bien que les histoires ne sont pas mutuellement exclusives dans leur vérité, mais peuvent fort bien se juxtaposer : ceci et aussi cela, pas de vérité unique, mais toujours plurielle.
• L’importance des histoires, fictives ou réelles, auxquelles l’imaginaire prend toujours part d’une manière ou d’une autre, et qui peuvent être racontées de mille façons différentes, selon l’angle choisi et les éléments mis en avant, qui inspirent et colorent notre « réalité ». Des histoires qui nous situent, et cela dès notre naissance (celle de notre nom, de notre prénom, histoires familiales, histoires de la communauté dans laquelle on grandit), qui nous placent sur des points de croisement, à partir desquelles on pourrait tisser une toile, des histoires qu’on se raconte et des histoires que l’on choisit et puis aussi les histoires dans lesquelles on s’évade et qui nous font vivre mille vies.
• L’importance des mots qui sont à la fois des sons, des images, des idées, qui viennent susciter en nous toutes sortes d’émotions.

Le sol

• Quelle valeur te parle le plus ? pourquoi ?
• Quelles sont les valeurs cousines qui te semblent aussi pouvoir être la caractéristique des Réveilleurs ? 

Chacune des valeurs citées (esprit d’aventure, impertinence joyeuse, coopération, esthétique des mots et échanges philosophiques et poétiques, solidarité et interdépendance) me parle.

Celle qui me touche le plus, celle qui fait battre mon cœur : « l’impertinence joyeuse », qui se traduit dans mes mots par « être joyeusement subversif, ébranler les idées reçues avec bienveillance » ou encore « bousculer les codes sociaux et conventions limitantes ».

Et puis aussi « l’esprit d’aventure » : explorer de nouveaux mondes, d’autres façons de penser et de voir les choses, aller à la rencontre de l’autre dans sa spécificité, dans ce qui lui importe, lui donne envie d’avancer, valeur connexe à « la curiosité », « l’enthousiasme » et « l’émerveillement ». Avais-je déjà mentionné que ma première vocation était l’anthropologie ?

D’autres valeurs me tiennent à cœur et son partagées par les Réveilleurs : le respect de chacun (de soi, de l’autre), l’honnêteté, la bienveillance, l’humilité (qui n’empêche pas de rester conscient de ce que l’on peut et d'être fier de ce que l’on accomplit).

Le tronc

• Quelles sont les qualités qui te caractérisent lorsque tu es en communauté ? 
• Qu’est-ce que le fait d’encourager les Réveilleurs dit de ce qui est important pour toi ? 

Observer comment font les autres, apprendre, expérimenter, tester pour voir ce qui fonctionne ou pas…

L’envie de construire ensemble, l’audace de se lancer, le plaisir de découvrir que l’on n’est pas seul sur cette voie, l’envie de partager, d’échanger, de s’inspirer et de se nourrir mutuellement, l’envie de contribuer à un projet qui nous ressemble.

Les branches

• Quels sont les rêves que tu nourris en soutenant les Réveilleurs ? 
• Quel espoir nourris-tu pour toi-même en participant à ce projet ? 

Trouver dans le collectif une communauté de partage et de soutien mutuel, source d’inspiration et de stimulation pour revisiter et enrichir ses propres pratiques.

Contribuer à faire vivre le collectif à travers des partages et des échanges.

Les feuilles

• Quelles sont les personnes autour des Réveilleurs qui seraient des ressources pour le projet ?
• Qui ne seraient pas étonné que ce projet grandisse ?
• Qui pourrait inspirer le projet de collectif ? 
• Qui pourrait y être invité , à qui penses-tu recommander cette communauté ?
• Qui pourrait être partenaire de ce projet pour le faire grandir et le soutenir ?

Ma voisine de cabinet, Anne-Gaëlle, formée à l’approche narrative dans le sud de la France, semblait intéressée de rejoindre une communauté de praticiens à Bruxelles et un groupe d’intervisions, je lui ai parlé des Réveilleurs et transmis le lien vers le site. La balle est dans son camp.

Les fruits

• Quelles sont les audaces que tu as envie de tenter avec les Réveilleurs ? 
• Quelles sont les premières actions que tu souhaites faire pour soutenir ou adhérer au collectif ?

Dans un premier temps, participer aux intervisions (et, pourquoi pas, en animer).

Peut-être partager, sous forme d’articles ou de présentation, les points de rencontre entre approche ericksonienne et approche narrative, ou encore la mise en dialogue de la philosophie postmoderne et de l’approche narrative...

Participer à une réflexion sur le deuil (thématique sur laquelle je sais que Sonia prévoit de travailler)

Myriam a rejoint notre bande de Narrapotes et cela nous honore vraiment. Une collectivité s'enrichit par ses membres. Notre identité se consolide à travers nos liens et un club de vie fort.

Merci déjà à toi de nous apporter ta belle contribution.